- INSPECTEUR KHEOPS.
- Tiré du journal R.A.P : Juin.2000
# Gouaïlle a.k.a SKF

Kheops en Mission.


Le Dj D'IAM a choisi la figure emblématique de l'inspecteur Harry pour présenter le 2ème volet des aventures de SAD Hill . Une quinzaine de titres où le Hip-hop se mêle à du funk ensoleillé, avec une touche R&B, autour d'un casting où se retrouvent rappeurs marseillais, parisiens et new-yorkais. Nous avons rencontré Kheops dans ses studios marseillais, le jour de l'inauguration de son site Internet ( www.sadhill.com ). L'homme n'est pas du genre à faire les choses à moitié : une émission de radio hebdomadaire sur Skyrock, un label l'habillage musical D'OMTV, l'album de DEF Bond, ses propres albums solos. Bienvenue dans l'empire musical d'un des grands Dj's français.

R.A.P : En produisant SAD Hill 1. Est-ce que tu avais déjà dans l'idée de fonder un label ?
Kheops :
Pas tout à fait. On avait mis Def Bond en avant, mais il fallait attendre de savoir si ça marche. Après, on a vu qu'on pouvait s'en sortir et on a investi dans des studios un peu plus grands. Puis Def m'a présenté Yak. J'ai écouté une mix-tape où j'ai vu un style qui assurait vraiment. On voulait travailler avec des gens tranquilles, ce qui était le cas. Il a vraiment un talent et quand il a posé sur Funk 13, ça collait bien. Maintenant on veut lui développer une carrière par la suite, on a rencontré les psy4 de la Rime au moment où ils étaient contactés par des majors. Le fait de signer chez nous était pour eux un gage de sécurité. Ils vont pouvoir profiter de notre expérience. Ce sont des jeunes posés, qui pour une fois ne prennent pas quelqu'un D'IAM pour quelqu'un qui veut les manipuler. Aujourd'hui on en parle beaucoup à Marseille et on va essayer de faire un bon album, sans leur mettre une grosse pression, pour qu'il partent pas en couille. Moi, j'ai un rôle de conseil. S'ils arrivent à garder les pieds sur terre, je pense qu'ils peuvent faire de très grandes choses.

R.A.P : Avec du recul, quel regard portes-tu sur l'album solo de DEF Bond ?
Kheops :
Je pense que l'on va reparler de cet album dans les années à venir. Il avait peut-être un son futuriste par rapport aux nouvelles générations qui écoutent aujourd'hui. Je comprends que certaines personnes ne sachent pas que DEF était auparavant dans le Soul Swing. C'est comme le fait que la plus part des gens ne savaient pas qui Akhenaton avant Bad Boys de Marseille. Ça a été aussi le cas de FAF la Rage, lui aussi Ex-Soul Swing. il leur a fallu donc travailler chacun dans leur voie et essayer d'aller vers le public qui s'intéresse à leur style. Avant, on était un peu le cul enter deux chaises, maintenant on a le cul sur une chaise.

R.A.P : Après la référence au film de Sergio Leone Le Bon, La Brute et Le Truand, tu fais cette fois un clin d'œil à l'Inspecteur Harry. Qu'est ce qui te fascine chez le personnage de Clint Eastwood ?
Kheops :
J'adore l'artiste, comme certains peuvent être fascinés par De Niro ou Pacino. J'ai une passion pour tous ses films.

R.A.P : La Nouvelle orientation pour SAD Hill Impact, c'est la présence de rappeurs new-yorkais. Est-ce que le travail est vraiment avec eux, et est-ce que tu as eu des difficultés pour obtenir leur accord ?
Kheops :
C'est un peu moins difficile quand on est D'IAM, parce que, mine de rien, le groupe a là-bas une petite reconnaissance. Je connaissais déjà Prodigal Sunn des Sunz of Men et Dreddy Krueger de Royal Fam, les autres [Arsonists et Shabazz The Disciple], je les ai rencontré dans un festival en Allemagne. C'est des mecs super sympas, qui n'ont pas la grosse tête. Il étaient vachement concernés par les morceaux, et ils découvrent que le Hip-hop a une vraie place en France et dans le monde. Ils ne restent pas enfermés dans leur ghetto à New York, ils ont réussi à franchir la barrière qui consiste à sortir des États-Unis et c'est beaucoup pour un américain. Ils commencent à se rendre compte que la France est le 2ème marché après le leur. J'aimerais d'ailleurs faire un SAD Hill Impact version US, mais financièrement c'est encore impossible.

R.A.P : En tant que Dj, tu n'as jamais ressenti le besoin de travailler au sein d'un collectif comme cela se fait la plupart du temps ?
Kheops :
Ce sont tous les Dj's de la nouvelle génération qui travaillent comme ça. Moi, je me compare plutôt avec des gens comme Dee Nasty, je n'ai jamais été branché par les concours. Quand j'ai démarré il n'y avait pas de technique. J'ai appris à scratcher des disques tout seul, aujourd'hui, je ne travaille même pas ma technique, je préfère vivre sur mes acquis. J'ai un style Kheops, avec des connaissances musicales sur un peu tous les styles, et je m'aperçois qu'il y a de moins en moins de scratchs sur les albums, et que les Dj's tendent maintenant vers la production. J'ai commencé à avoir des platines vers 80, et au bout de 18 ans tu commences à avoir envie d'autre chose. En fait je suis plus le mec qui va chercher les disques.

R.A.P : Avec DEF Bond, vous cherchez à faire émerger le style R&B en France. On a l'impression que ça a du mal à décoller, notamment par rapport aux parts de marché qu'il y a aux États-Unis...
Kheops :
Aux États-Unis, il y a une culture R&B. Ici ce style est encore un bébé, cela fait 1 ans ou 2 qu'il existe. Il faut comparer ça au Hip-hop, qui lui a 10 ans d'existence propre en France. Il faut donc attendre un peu. Les gens qui défendent ce style essuient les plâtres en ce moment, et c'est dur pour eux, mais c'est eux qu'on retrouvera au sommet dans quelques années. Les grands groupes de Hip-hop français aujourd'hui, sont quand même ceux qui étaient là au tout début. Pour SAD Hill Impact, j'ai choisi Les Nubians qui ont beaucoup de talent, et j'avais déjà travaillé avec K-Reen, Moïse, Matt, Assia, Mel Groove.

R.A.P : Un mot sur le morceau D'IAM qui est sur l'album. Est-ce que vous l'avez travaillé comme un morceau SAD Hill ou comme un morceau IAM ?
Kheops :
On a fait ça comme si c'était un morceau D'IAM. On a travaillé l'instrumental tous ensemble 3 ou 4 fois, pareil pour les voix, on s'est concertés, écoutés, et tous les groupes qui sont venus l'écouter derrière, trouvaient le morceau assez fantastique ! Le fait de voir 4 personnes, 5 avec Freeman, qui composent et qui ont chacun leur propres carrières solos, qui ont appris à travailler seuls avec tout l'acquis que cela implique, je me dis que ça peut faire quelque chose de très fort comme on a jamais eu sur IAM.

R.A.P : Le droit de regard sur le prochain album D'IAM sera élargi ?
Kheops :
Le droit de regard existait déjà, on ne cherchait par à dire : " Moi, je veux ça ". On écoute jusqu'à ce que cela nous plaise vraiment à tous.

R.A.P : Quels sont tes prochains projets ?
Kheops :
Je travaille sur une compile de funk entièrement mixée, comme j'avais pu faire les années Mia. Ensuite, on produit l'album des Psy4 de la Rime sur SAD Hill, et j'ai un projet à part avec un groupe marseillais qui marche fort en ce moment [Superfunk]. Je pense qu'il faut savoir s'ouvrir à d'autres styles de musique. Je dois aussi composer des musiques pour l'album de Chill [le 2ème album solo d'Akhenaton, Ndlr] et puis on enchaînera sur le prochain IAM. En plus tous les titres de SAD Hill impact sortiront en maxi, dont une version remix de Mars 2001 avec en plus les Coloquintes et Akhenaton. C'est un volonté forte de ma part. Et puis, on a aussi fait 3 clips qu'on pourra voir sur le site Internet SAD Hill